Kevin Gourdon est-il la preuve vivante des errements de la détection-formation française ? Réponses.
Avec Kevin Gourdon, je ne sais pas vous,
mais moi j’ai bien l’impression de revoir un type de joueur que je croyais
disparu de la planète rugby (français) depuis bien longtemps. Ça sent les Laurent
Cabannes ou Olivier Magne, ce genre de 3ème ligne avec de la vista,
de la gestuelle, des attitudes, des angles de course… tout simplement, mais on
avait oublié que ça existait encore, avec « du Rugby ».
Tant mieux, où est le problème me
direz-vous ? Le problème c’est : où sont passé les autres ? On
ne va tout de même pas me faire croire que Gourdon est un cas unique ?
Qu’il est le seul et unique joueur français de ces 15 dernières années tout
simplement doué pour le rugby ? Je n’y crois pas une seconde.
Quand on jette un œil sur la composition
du XV de France du grand chelem 2010, il y a 15 ans donc, ce qui frappe, c’est
le nombre de joueurs dont on disait qu’ils « puent le rugby », espèce
d’expression « qui dit bien ce qu’elle veut dire » et dont on
affublait nos surdoués. Clément Poitrenaud, Yannick Jausion, Aurelien Rougerie
(qui fait encore le bonheur de Michelin) Imanol Harinordoquy, Thierry
Dusautoir, même en première ligne avec William Servat ou Nicolas Mas… Sur le
banc avec Frédéric Michalak ou Vincent Clerc…
Alors où avons-nous perdu notre âme ? Essayons de comprendre en partant du cas Gourdon.
Alors le jeune Gourdon grandit dans la
vallée du Rhône puisqu’il est né à Valence (26). Il joue alors à La Voulte,
jeune, puis au Rugby Club Toulonnais, à Clermont en espoirs, pour finir à La
Rochelle.
Ce jeune prodige, tous les clubs auraient
dû se battre pour l’avoir… A Toulon un type plus intelligent que les autres l’a
vu… un autre, moins, l’a laissé partir. A Clermont, ils ont aussi un type doué
pour détecter les talents… mais eux aussi ont des gens moins doués qui l’ont
laissé partir…
Enfin La Rochelle et son staff qui mérite
un article tellement ils nous épatent (d’ailleurs ils en auront surement un),
ont vu ce qu’il y avait derrière ce garçon et l’ont lancé dans le grand bain
avec les succès que l’on sait.
Kevin Gourdon est aussi symptomatique
pour ça : les deux plus gros clubs de ces quelques dernières années l’ont
vu passé… et l’ont vu passé. Mais comment est-ce possible ? Ah, c’est sûr
que pour le détecter, il fallait plus qu’une toise et une balance, c’est sûr
qu’il ne mesure pas 1m95, qu’il ne pèse pas 140 kilos, et évidemment il n’avait
jamais été champion du monde… Là, il fallait dépasser les instruments de mesure
basiques, oublier les palmarès et ouvrir les yeux pour le regarder jouer…
autant dire que ça devient compliqué !
Mais in fine, ce qui est râlant, c’est
qu’il existe dans Les deux plus gros clubs de la décennie, et, on peut
l’espérer, dans tous les autres, des gens capables de détecter les vrais bons
gros talents ! Ces gens existent ! Sont-ils reconnus et valorisés à
leur juste valeur ? A en juger par les résultats, non.
D’autres sont beaucoup moins doués.
Est-ce qu’on leur demande des comptes ? Est-ce qu’on se contente de
« oups… désolé… pas vu… » ? Apparemment oui.
Et bien c’est là où les présidents de
clubs ont leur part de responsabilité, c’est là où ils ont leur mot à
dire : messieurs, de grâce, valorisez les bons, et renvoyez à leurs études
les pas bons. Chaque fois qu’un club laisse partir un joueur qui finit par
illuminer le TOP14 ailleurs, il doit y avoir sanction de l’incompétent !
Et dans le même temps valorisation du détecteur avisé.
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