du costaud |
Uniformité des joueurs et uniformité du jeu.
Je suis frappé par l'uniformité, poussant à l'ennui, des joueurs actuels. Combien ils manquent singulièrement de fond dans leur jeu, combien il sont, finalement, tous les mêmes.
Tour d'horizon des "grands" joueurs français, formés en France, de ces quelques dernières années.
Devant on a quelques bons combattants, formés à l'école de la rudesse et du jeu de destruction massive : De Guirado à Picamoles en passant par Maestri, de bons joueurs avec des cœurs gros comme ça. Des joueurs de devoir et qui ne rechignent pas à la tâche, qui ne s'enlèvent jamais. A cela on ajoute quelques morphotypes îliens impressionnants comme Vahamina ou Taofifenua. De ces gars là, on attends beaucoup parce qu'on les regarde et on se dit qu'avec ce physique....
Oui mais voilà, au final, qu'est ce que ça nous donne ? du cœur, du combat, de la rudesse, du "tête baissée droit devant"... ? On n'a plus qu'à s'extasier du grand Louis qui porte en avançant avec trois Gallois sur son dos ? C'est ça le rugby qui va nous faire rêver ?
La culture de l'exploit au détriment du jeu
Derrière, c'est pire. On ne cherche que les joueurs capables d'un exploit, de marquer un essai sur une action individuelle en éliminant 3 défenseurs. C'est ça notre définition d'un "bon joueur", en se basant sur quoi ? Sur ce que j'ai entendu mille fois dans les cours fédéraux : "s'il l'a fait une fois, alors il peut le refaire"...
Sauf que oui, il peut le refaire, mais pas à chaque fois ! Et que le ratio fait-l'exploit Vs perd-le-ballon doit être favorable quand même non ? Ben non, puisqu'il peut s'améliorer jusqu'à le faire à chaque fois... Voilà la stratégie de sélection, voilà l'erreur, voilà où on se plante complètement.
Alors on a des Trinh Duc, des (Teddy) Thomas, des Dulin, des Fofana, et maintenant des Penaud. Des joueurs qui, de temps en temps nous sortent l'exploit qui tue et marquent un essai venu d'ailleurs. Mais qui, la plupart du temps, et à longueur de match, n'impriment pas leur empreinte sur les rencontres, ne mettent pas en place de stratégie élaborée, et finalement, ne pèsent pas sur la longueur. Ils se font des passes, courent à droite à gauche en attendant l'ouverture qui la plupart du temps ne vient pas, et nous, on est condamnés à attendre l'exploit individuel... qui le plus souvent ne vient pas.
Ah ils ne se font pas trop chier nos détecteur de talents : ils se mettent au bord du terrain où jouent des jeunes de 13-14 ans, et chaque fois qu'un gamin traverse le terrain et va marquer à chaque fois qu'il a le ballon, ils prennent ! Ils y ajoutent tous ceux qui dépassent déjà 1m80 ou 90 kilos, et c'est bon, on a nos "potentiels" de demain.
Il faut bien comprendre qu'avec cette stratégie, on aurait raté des joueurs comme Giteau, Wilkinson, Conrad Smith, Carter même ! D'ailleurs et pour preuve on a laissé passer les deux frères Armitage pourtant très bons ! Combien d'autres a-t-on raté ? combien de "meilleurs joueurs du monde" jouent en fédérale ? Ou ne jouent plus du tout ?
Il y a pourtant moyen de faire autrement, mieux et moins cher !
Oui, il y a moyen de faire autrement, mais pour ça, il va falloir mieux regarder. Etre plus fin. Détecter, non pas les capacités physiques hors normes, non pas (seulement) les serial marqueurs, mais les intelligents, les stratèges, les naturellement doués avec un ballon en main. Ça va faire plus de boulot ! Mais un boulot d'humain, d’œil exercé, pas un regard d'ordinateur bête et méchant qui ne jure que par les mètres parcourus ou les éternels rapports taille/poids !
Pourtant les exemples nous sautent au visages de tous côtés, on voit les lacunes dans nos effectifs, on voit les profils que l'on est obligés "d'importer", Cruden encore cette année, on voit des joueurs aux qualités exceptionnelles mais qui sont passés au travers de notre détection (Gourdon ou Olivon par exemple), mais non, rien n'y fait, on reste campé sur nos positions désastreuses pour notre avenir.
C'est pourtant bien de notre capacité à nous adapter au rugby 2.0, un rugby fait d'intelligence, de vitesse et d'adresse, dont dépend notre avenir. Et dire que l'on a des raisons d'être pessimiste... c'est peu dire...
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