Réforme de A à Z de la formation

ecole de rugby
Plaisir de jouer

Ce que la fédération doit faire, réforme des pôles, des divers championnats, ce que les clubs doivent faire, réforme complète de la formation.

Mourad Boudjellal propose de faire de la formation un "actif" des clubs. Il pense donc que si les clubs gagnent de l'argent avec la formation alors ils formeront volontiers. Pourquoi pas, le raisonnement se tient.
Le côté négatif est que cette solution aura pour conséquence de "marchandiser" un peu plus les joueurs, en l’occurrence, l'exemple du football et de ses dérives en termes de budgets doit nous interpeller. Rien ne dit, notamment, que l'économie du rugby français soit en mesure d'encaisser de tels chocs. Combien de clubs survivront à la nécessité, pour survivre financièrement, de vendre des joueurs au détriments de choix purement sportifs ? Hmmm... compliqué... Et il sera toujours plus risqué, en termes purement financiers, de former un joueur de 0, que d'acheter un jeune bien dégrossi mais pas encore au point et de le revendre à la première emballée médiatique. L'idée se discute, elle est à l'image du président du RCT, habitué à bousculer l'ordre établi, mais là, les effets pervers me semblent nombreux...

Y a t-il d'autres alternatives ? Oui, il en existe au moins une, basée sur une philosophie totalement différente, et, j'oserai le dire révolutionnaire, même !
D'abord oublions les postulats assénés à longueur d'année par les "spécialistes" dont les analyses nous ont amenés là où nous sommes. Faisons table rase des prétendues vérités-vraies-immuables, et regardons les faits tels qu'ils apparaissent aux yeux de ceux qui ont décidé de regarder.

Première vérité-vraie, il y aurait un fossé quasiment infranchissable entre le niveau Espoir et le niveau pro. Ok, mais quels sont les faits ? Combien de joueurs espoirs ont été alignés en TOP14 ou PROD2 et se sont montrés incapables d'évoluer à ce niveau ? des noms ? parce que moi, je cherche : Baptiste SERIN, Alexandre ROUMAT, Damian PENAUD, Antoine DUPONT, Julien MARCHAND, Xavier MIGNOT, Marco TAULEIGNE,  Peceli YATO, Paul JEDRASIAK ... S'il s'agit de parler au bon président BOUDJELLAL, pourquoi pas citer son club : Swain REBBADJ, Anthony ETRILLARD, Josua TUISOVA, Gregory ANNETA, Bastien SOURY, Anthony BELLEAU j'en passe... Combien de ces joueurs nous ont montré qu'ils n'étaient pas au niveau ? je pose la question, puisqu'il parait que le fossé est infranchissable ! Et bien les faits sont là, je n'en voit pas. Pourtant je cherche ! Mais je n'en voit pas, ils ont tous le niveau alors ? On nous aurait menti ?

On nous aurait menti ? Les espoirs auraient le niveau pour jouer en pro ? Mais alors....


Si c'est le cas, si les jeunes ont le niveau, et on a vu qu'ils l'ont, alors la solution est simple, deux choses : 1 on oblige les clubs à former. 2 on libère tous les joueurs de toutes contraintes hors contrat pro. N'importe quel joueur non titulaire d'un contrat pro peut changer de club a tout moment, et ce, totalement gratuitement. Les présidents et coachs auront deux possibilités, soit les faire jouer, soit les voir jouer en face ! la solution est là, simple, évidente, sous nos yeux.

Comment oblige t-on les clubs ? toujours aussi simple : les obligations fédérales. C'est un truc génial, les obligations fédérales, ce sont des règles édictées par la fédération et qui obligent les clubs désireux de participer un championnat professionnel de les respecter sous peine de relégation. Autre avantage non négligeable, ça coûte à peu près 0,0€ à la fédération.

Donc obligations Fédérales : chaque club pro doit avoir obligatoirement un minimum de 35 contrats espoirs. Et donc un minimum de 35 joueurs dûment inscrits à leur centre de formation. Sachant que chacun de ces joueurs, puisqu'ils n'ont pas de contrat pro en poche, a la possibilité de révoquer le contrat espoir et partir rejoindre un autre club de son choix et ceci à tout moment. Voilà qui devrait changer radicalement la politique d'utilisation des jeunes dans les clubs pro.

Et on continue, la même philosophie doit prévaloir depuis les cadets, junior et jusqu'en espoirs

Obligations fédérales : Créer dans chaque club pro un pré-centre de formation (avec des internats) de cadet à espoirs, avec, au minimum, 35 joueurs en cadet Gaudermen, 35 joueurs en cadet Alamercery, 35 joueurs en Crabos, et, retour des Reichel avec 35 joueurs aussi. 140 jeunes MINIMUM par club en pré-formation et 35 MINIMUM en formation. Je ne voit pas comment on peut exiger moins que ça.

Evidemment il faut revenir sur les errements antérieurs aussi incohérents qu'incompréhensibles et aligner la première année cadet sur la scolarité des enfants et le passage en seconde. Ici, il s'agit tout juste d'une mesure d'équité, et par là même, d'une mesure d'efficacité : songez qu'aujourd'hui, avec les règles actuelles, un petit gars, même doué, s'il a  le malheur d'habiter à plus de 40-50 kilomètres d'un club pro, n'a aucune chance de jouer en Gaudermen parce que c'est trop loin de sa classe de 3ème ! Mais quel scandale ! comment peut-on se dire soucieux de l'avenir des jeunes rugbymen français et accepter une règle d'une telle stupidité, n'ayons pas peur des mots.
Les Gaudermen redeviennent donc les U16, Alamercery U17, Crabos U18 et on ajoute Reichel U20. espoirs U22 ou U23. Et là, on est bons.

Fin des pôles : les cadres techniques vont voir jouer les gosses le week-end, et mettent en place leurs sélections nationales avec les meilleurs éléments. Simple quoi.

Utopie ? pourquoi utopie ? Qu'est ce qui est infaisable ? Qu'on ne vienne pas me dire que ça coûte trop cher ! Sinon je vais jeter un œil sur chaque budget de club pro, je pense qu'en se séparant d'un ou deux joueurs venus de pays lointains il y a moyen de dégager les fonds nécessaires à ces mesures indispensable au rugby français. Il y aurait même sûrement moyen de négocier la fin du salary-cap ou des quotas d'étrangers, qui deviendraient, je le pense, inutiles vu le nombre de joueurs français d'excellent niveau que ce système mettrait "sur le marché" !

Qu'on ne s'y trompe pas, ces propositions constituent un changement radical dans l'esprit même de la formation. Notre système est basé sur un principe : celui de sélectionner le plus jeune possible les joueurs talentueux, et de les emmener vers le haut niveau en laissant tomber les autres, ce système a échoué, lourdement échoué. Il faut changer ce système, pour le coup, copier l'hémisphère sud, eux ils emmènent TOUS LES JEUNES vers leur maximum possible, TOUS. ensuite ils sélectionnent ! pas avant ! C'est le système qui marche, d'ailleurs ils ne ratent pas une occasion de nous le rappeler, chaque fois qu'une équipe nationale française rencontre une équipe du sud, on prend une piqûre de rappel !

Assez de constats miséreux, assez de pleurnicheries, assez de faux semblants, il est temps d'agir.

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