Arbitres, au secours ! Collisions, chocs, chars d'assaut et autres bus lancés à pleine vitesse, nos enfants sont en danger.
Aïe ! plus ça va, plus ça va pas... |
Les barrages et les demi-finales de TOP14 2017 ont confirmé la dérive démoniaque du rugby français vers le jeu de collision... le jeu qui perd.
Depuis quelques années déjà on le voyait poindre, ce jeu basé sur le seul affrontement. Pire ! On le voyait gagner des titres ! Aujourd'hui, n'importe quel mathématicien peut nous sortir un algorithme assez simple : poids total du 5 de devant multiplié par le poids du pack et divisé par la moitié du poids des 3/4 adverses et paf ! on sort le vainqueur sur chaque match !
Je reste persuadé que si on en est là, c'est la faute à la pauvreté affligeante de la détection/sélection française qui reste campée sur la religion du morphotype. Peut être qu'il manque aussi par-ci par-là de la compétence dans les clubs, je l'ai déjà illustré dans un article que je vous invite à lire ICI. Mais en gros, il y a un manque flagrant d'imagination, quand un cadre technique a décidé qu'un jeune joueur avait du "potentiel", (autre façon de dire qu'il mesure plus d'1,90 et qu'on peut facilement espérer 100 bon kilos bien pesés pour un 3/4 et 120 à 130 pour un avant), à partir de là il n'y a plus personne pour contredire ce postulat qui a pourtant été fait à 14 ans. Les clubs suivent.
Et en fin de parcours, les entraîneurs font avec le "matériel" qu'ils ont : des joueurs faits pour le rentre-dedans, pour sortir un exploit individuel tous les 4 matchs. Le manque de talent, de technique individuelle, de "rugby" est criant.
Finalement, et heureusement devrions nous dire, ce rugby qui gagne (ou ne perds pas) dans le championnat national, perds à l’international. Contre le sud d'abord, mais maintenant même contre nombre de nations du nord on est à la peine. il est temps de réagir.
L'arbitrage pour solution à nos insuffisances ?
L'été les arbitres se réunissent pour définir ce qui sera leurs priorités pour la saison à venir, profitons en. Force est de reconnaître que depuis quelques années déjà ils nous alertent sur les risques pour la santé des joueurs, et, chaque année, ils déplacent un peu le curseur pour aller vers plus de sanctions sur les actions qui "portent atteinte à l'intégrité des joueurs". Rendons leur hommage pour cela, puisqu’aujourd’hui on voit qu'ils étaient visionnaires ! Et encourageons les à aller encore plus loin, d'une part en utilisant l'interprétation qui leur est laissée avec les règles actuelles, et d'autre part en en modifiant certaines autres.
Déjà les attitudes défensives "limites", placages hauts et autres placages à l'épaule sont sanctionnés sévèrement. L'ami Sonny Bill, entre autres, en a fait les frais cet été, et c'est une bonne chose.
Deux pistes me semblent ouvertes sur les attitudes offensives cette fois :
1 - les attitudes au contact pour le porteur de balle sont souvent limite-limite avec des coudes en avant, des avant-bras ou les poings (et non la main ouverte) utilisés pour raffûter ou même des genou bien levés en pleine course. Et ce qu'on voit de plus en plus souvent et qui est pourtant contraire aux lois du jeu : la tête en avant et boom. Le "tronchon" comme on dit, sauf que c'est interdit. Ces gestes mériteraient d'être sanctionnés, ils le sont déjà, mais plus souvent et plus sévèrement.
2 - Les postures au déblayage. Trop souvent les gonz arrivent lancés comme des balles, ils renversent ce qu'il y a à renverser en face, ou traversent le ruck allègrement s'il n'y a rien ou pas grand chose. Ce n'est pas la règle : l'agressivité nécessaire ne dispense pas de maîtrise, ils doivent "rester debout". Au delà de la protection du ballon, on sait tous qu'il s'agit aussi de "marquer l'adversaire", lui faire peur, faire en sorte qu'il réfléchisse à deux fois avant de venir mettre les mains. C'est contre l'esprit du jeu, ça pénalise les "joueurs" contre les "brutes épaisses" et pourrait utilement être plus souvent et plus sévèrement sanctionné.
Dans l'esprit, il faudrait que faire du rentre-dedans, avoir une stratégie basée sur les auto-tamponneuses, devienne risqué : que l'équipe qui le pratique s'expose à être sanctionnée à la moindre attitude équivoque d'un porteur de balle ou d'un soutien. Ça poussera tout le monde à rechercher le joueur qui jouent l'intervalle qui lui, ne risquent pas ce type de sanction puisqu'ils ne va "taper" dans personne. Ça poussera à rechercher le joueur capable de faire la +1, la passe de plus, celle qui ouvre la porte. Bref, ça changera tout.
Nouvelles règles ?
Cet été, pour pallier à la stratégie des non-rucks des Italiens lors du tournoi, World Rugby a décidé de mettre en test les rucks "simplifiés" : un plaqué, un soutien, c'est un ruck. C'est une bonne chose, d'autant que lorsque j'en parle dans mon club-house préféré, beaucoup de mes congénères pensent que c'est déjà le cas ! Ça sera donc une simplification qui sera vite intégrée parce qu'elle est proche de "ce qui se fait déjà".
D'autres adaptations nous semblent être importantes pour que les matchs de rugby ne se résume pas trop souvent à un duel de buteur. Quand on regarde bien, on s’aperçoit que les équipes qui sentent qu'elles vont prendre 5 voir 7 points, "décident" de n'en prendre que 3, et elles font faute. Il faut d'une part arrêter de juger ces fautes "intelligentes" et avoir le courage de déclarer que ce n'est pas acceptable. Le nombre de fautes à moins de dix mètres de la ligne explose et le nombre d'essais diminue. On ne peut plus continuer comme ça.
Il y a plusieurs solutions : augmenter les cas où un essai de pénalité est accordé, ou sanctionner systématiquement d'une biscotte toute faute dans ses propres 22, ou passer les pénalités dans les 22 mètres à 10 points ! Il faut réfléchir et choisir une option qui nous assure la disparition définitive de ces fautes dites "intelligentes".
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